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"C'EST GÉNIAL, MEC..."

La beauté doit souffrir : Les deux champions de la ville et des flâneries de Harley-Davidson et Triumph attirent l'attention, ont des moteurs de caractère, un son puissant et beaucoup de charisme. Mais la Forty-Eight, classique et vénérable, et le Bobber, son challenger britannique, exigent aussi une certaine endurance.

FREAKS À LONGUE DISTANCELes motards qui roulent en solo sur la vénérable Harley-Davidson Forty-Eight ou sur la toute nouvelle Triumph ont déjà le mal de mer après à peine plus de 100 km : non pas parce que le popomètre leur fait mal ou que leur fidèle compagne boude à la maison, mais parce que les jolis instruments ronds les appellent déjà à la prochaine station-service. 7,9 (Harley) ou 9,1 litres de sans-plomb tiennent dans ces jolies petites potiches, avec une consommation d'un peu plus de cinq litres, le fier cavalier se retrouve à sec après environ 150 kilomètres. Il faut donc bien planifier son itinéraire ou, de préférence, ne jamais s'éloigner de la ville et de son agglomération, car les deux bolsters bicylindres au style soigné veulent être vus et admirés, et leurs dompteurs se délectent des regards étonnés des citadins flâneurs. Il est clair que malgré leurs cylindrées imposantes - 1197 cm3 (Bobber) et 1202 cm3 (Forty-Eight) - et leur appartenance à la catégorie des "grosses" motos, le duo anglo-américain appartient à la catégorie des véhicules de ville et de courte distance.UNE PAUSE HONORABLE NE DEVRAIT PAS ÊTRE REFUSÉELes positions assises s'y prêtent également. Même les plus endurcis ne peuvent pas tenir plus d'une heure sans s'arrêter dans les selles. Les sièges ne sont certes pas inconfortables (et sur le Bobber, ils sont même réglables horizontalement sur 30 mm), mais à cause des bras allongés et des pédales largement penchées vers l'avant (surtout sur la Harley), le dos et les membres ne tardent pas à demander grâce ou à se détendre. D'autant plus que les débattements de 77 mm (Triumph, amortisseur central avec levier de renvoi) et même de 54 mm (Harley, amortisseurs stéréo directement articulés sur le bras oscillant) ne favorisent pas particulièrement le confort. Il faut s'attendre à tout moment à de violents coups de pied dans le coccyx, et sur les routes secondaires cahoteuses de 37e ordre, on entend les disques intervertébraux grincer.TOUT SIMPLEMENT DIFFÉRENTSi l'Amérique et l'Angleterre sont encore assez d'accord sur les réservoirs bonsaï, les positions de conduite et donc l'utilisation urbaine, le reste des deux motos est littéralement un océan. Les moteurs, les suspensions, l'équipement et même la finition sont marqués par des philosophies fondamentalement différentes.TRIOMPHE : L'ENTRÉE DANS LA MODERNITÉLa Triumph évolue avec son temps. Le bicylindre en ligne ultramoderne, à course courte et refroidissement liquide, avec 270 déports de cônes et huit soupapes au total, brille par sa puissance. Dès 2000 tr/min, avec ses 77 ch, il propulse violemment la machine et son équipage de 237 kg, prêts à rouler, vers l'avant et monte allègrement jusqu'à 6000 tr/min. Le son incroyablement corsé, mais pas bruyant, fait partie de ce que le marché des cruisers a de mieux à offrir. La régularité de marche est également exemplaire, les vibrations ne sont qu'à peine perceptibles et les bruits mécaniques pratiquement inexistants. À cela s'ajoute une électronique avec deux modes de conduite bien réglés (Rain, Standard). Au vu du couple impressionnant, le contrôle de traction est régulièrement mis à contribution sur les routes mouillées et glissantes. Les six vitesses - le niveau 6 est conçu comme overdrive - se commandent avec précision et avec des courses de changement de vitesse courtes grâce aux touches et leviers en aluminium de belle forme, il en va de même pour les leviers à main et tous les autres éléments de commande.HARLEY : L'ÉVÉNEMENT MOTEURLa Forty-Eight a une toute autre conception de la propulsion. Avec le 45 -V2 refroidi par air, à longue course, avec arbres à cames en bas et soupapes commandées par poussoirs (deux par cylindre), ce ne sont pas les performances de conduite qui sont au centre, mais plutôt "l'événement moteur". Dès le ralenti, la moto complète et le pilote sont secoués, chaque course de piston est physiquement perceptible. Le bruit mécanique n'est pas non plus un mauvais parent et rappelle une époque révolue. En dessous de 2500 tr/min, le V2 s'échappe presque lui-même du cadre en acier, la cinquième et plus longue vitesse n'est pas utilisable en dessous de 80 km/h. Mais entre 2500 et 4000 tr/min, le monument américain du moteur délivre cette sensation incomparable de tuff-tuff ..., tuff-tuff ..., tuff-tuff-Harley, qui était à l'origine de toutes les légendes de Milwaukee sur la chevauchée sans fin du cavalier solitaire vers le soleil couchant (dans le cas de la Forty-Eight, les stations-service n'étaient pas trop éloignées les unes des autres). Au-delà de 5000 tr/min, le soleil se couche définitivement et la Harley s'essouffle. Il est recommandé de passer rapidement au rapport supérieur avec le levier au pied, plus grossier que celui de la Bobber, et les fameux leviers manuels à l'ergonomie particulière. Comme on pouvait s'y attendre, la Forty-Eight tourne le dos à l'électronique avec ennui, les modes de conduite ou même le contrôle de traction lui font horreur. Ce n'est pas grave, mais au vu des pneus Scorcher qui ne sont pas très adhérents sous la pluie, un contrôle de traction à bord ne serait pas le bienvenu.FAHRWERKE : HARLEY MANIABLE, TRIUMPH STOÏQUEEn ce qui concerne les suspensions, l'océan entre le Milwaukee américain et le Hinckley britannique ne se rétrécit pas non plus. Malgré un poids de 252 kg, un gros pneu avant de 130 (16 pouces) et des tubes de fourche épais de 49 mm, la Forty-Eight est clairement plus maniable que la Bobber, qui, en comparaison directe, est plus lente lors des changements de direction rapides. La Britannique répond par une grande précision de direction (pneu avant de 100, 19 pouces) ainsi que par une stabilité inébranlable, presque stoïque, même à des vitesses élevées, alors que la Harley, avec sa géométrie et surtout sa grosse roue avant, a tendance à perdre le nord en ligne droite, elle n'obtient pas non plus les meilleures notes en matière de précision de direction.LA HARLEY FREINE MIEUXMais la Forty-Eight le fait au freinage. Si l'on a une main suffisamment grande pour le levier monstrueux non réglable, le dinosaure V2 s'arrête à tout moment de manière sûre et bien dosée, la fourche télescopique ultra-épaisse de 49 mm est étrangère à toute torsion. Bravo, ce n'était pas le cas il n'y a pas si longtemps ! Sur la Triumph, en revanche, on peut tirer et tirer sur le levier réglable comme on veut, le frein Bobber à l'avant reste boueux, mou et sans force ; c'est de loin l'élément le plus mauvais de toute la moto. Ce n'est que grâce au frein arrière, bien dosé, que l'on se sent en sécurité sur la Triumph.FAISONS DES ÉTINCELLES !Tout le monde est d'accord sur le thème du sport : les sièges bas (Bobber 690 mm, Harley 710 mm) nécessitent des cales également basses, qui projettent déjà une joyeuse pluie d'étincelles sur l'asphalte lors de légères inclinaisons de débutants. Que les oiseaux encore plus obliques soient prévenus : le système d'échappement de la Forty-Eight, placé à droite, se pose presque aussi tôt que le cran d'arrêt, ce qui peut conduire à des situations décoiffantes. Il en va de même (à quelques degrés près) pour la Triumph, qui n'hésite pas à embrasser l'asphalte avec ses silencieux courts.ET ... QUI EST LA PLUS BELLE DE TOUT LE PAYS ?Nous arrivons maintenant au sujet le plus important et en même temps le plus délicat, la question de Blanche-Neige : qui est la plus belle (flocon de ville) de tout le pays ? Est-ce la vieille dame archaïque Harley-Davidson Sportster Forty-Eight ? Est-ce la Triumph Bobber, l'Instagram Girl britannique moderne ? Ouf ..., je préfère ne pas m'aventurer sur les branches, chacun doit décider pour lui-même. Je préfère m'en tenir aux faits : Les deux motos sont conçues d'un seul tenant, elles sont originales, incomparables, pleines de charisme et de charme rétro. Mais le fait est aussi que la Triumph a atteint un niveau très élevé en termes de finition, de facilité d'utilisation et de conception de nombreux détails, comme l'a déjà montré le rapport de conduite paru dans MSS 3/2017. La Harley, indestructible et à mon avis indispensable, a maintenant un peu de retard à rattraper. 

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