Kawasaki Ninja 650

Prenez la Z650, la bombe d'hormones de bonheur, vissez-y des embouts de guidon et une coque - et vous obtenez le racer de route de Kawasaki, qui est bien plus épais derrière les rétroviseurs que ce que l'on pourrait penser...
"N'oublie pas que la Ninja 650 n'est pas la remplaçante de l'ER-6f", me lance Freddy Oswald de Kawasaki Suisse, le regard sévère, alors que nous nous apprêtons à atterrir à Almería, dans le sud de l'Espagne, où nous avons rendez-vous avec la toute nouvelle Ninja 650 pour un essai complet. En fait, il a raison. En effet, la nouvelle moto - disponible dès maintenant à partir de 8400 francs - couvre un spectre plus large que l'ER-6f, aujourd'hui bien poussiéreuse et qui prend sa retraite. Du point de vue de la construction, la Ninja 650 ne se distingue de sa sœur Z650 nue, qui vient d'être lancée (voir édition 02/2017), que par les embouts de guidon, le réglage de la fourche et les coques latérales et de tête, qui suivent clairement les lignes uniques de la Ninja. Cette 650 ressemble d'ailleurs à s'y méprendre au fer de course ZX-10R à l'avant. Certes, la dynamique de conduite présente quelques similitudes avec la Z650, mais c'est a) voulu et b) une bonne chose. Avec la Ninja 650, Kawasaki veut rendre accessibles à un public plus sportif les qualités de la Z650, à savoir : un bicylindre de 68 ch qui réagit en douceur, qui est particulièrement puissant et qui monte en régime au milieu de la course, une maniabilité facile, une bonne tenue de route et une accessibilité maximale. Mais les Verts visent aussi les "downsiders", ceux qui passent de l'ER-6f, les conducteurs d'autres marques et les débutants en général.Actif, mais pas d'autoflagellation Le lendemain matin, j'enfile des sous-vêtements fonctionnels, un t-shirt thermique, une combinaison en cuir, une veste en Goretex, un pantalon de pluie et des gants d'hiver - maudit front froid de janvier ! - sur la "ninja bonsaï". "Heureusement qu'elle a une coque de tête derrière laquelle je peux me faire tout petit et braver le froid", me dis-je. En effet, le pare-brise réglable sur trois niveaux à l'aide d'un outil, dans sa position standard la plus basse, éloigne de manière fiable le vent glacial de ma poitrine.L'angle des genoux résulte également sur la Ninja comme étant assez étroit (hauteur de selle : 790 mm). Les contemporains mesurant plus de 170 cm devraient certainement essayer la selle accessoire, plus haute de 35 mm, car elle soulage les genoux tout en permettant d'atteindre l'asphalte avec les bottes. De manière surprenante, le poids sur les mains est moins important que prévu sur les demi-guidons vissés seulement 15 mm plus bas et 27 mm plus en avant que sur la Z650. Il est donc possible d'effectuer sans problème une randonnée d'une journée sur la selle de la Ninja sans ressentir de fatigue notable.Moteur : des vertus connues Côté moteur, nous avons affaire, comme nous l'avons dit au début, au même bicylindre de 649 cm3, facile à vivre et à entretenir, qui développe 68 ch et 66 Nm et qui fait son travail avec zèle dans la Z650. À partir de 2000 tr/min, il s'accroche à l'accélérateur et convainc avec beaucoup de pression au milieu. Et ce, avec un plaisir à tourner qui ne s'arrête qu'à 10 000 tr/min dans le limiteur. La plage de confort du twin s'étend de 2 500 à 7 000 tr/min, ce qui correspond à une large plage de régime utilisable. La boîte à six vitesses fonctionne avec précision et avec un feed-back clair, l'embrayage à friction (à deux doigts) est super facile à manier et très bien dosé. Le seul vrai point critique de la Ninja 650 a été les vibrations légères mais à haute fréquence à partir de 7000/min, qui se répercutent sur les pieds et surtout sur les fesses. Là encore, le coussin d'assise plus haut et plus rembourré permet de remédier à ce problème. Reste à savoir si Kawasaki aurait dû doter la Ninja 650 d'un antipatinage. Ce dispositif de sécurité aurait été souhaitable en cas d'imprévus comme des traces de diesel, des plaques d'égout ou des rails de tramway, ce qui aurait certes augmenté le prix de la moto. Mais certainement pas en raison de la puissance du moteur, qui est toujours facile à contrôler, car même sur l'asphalte froid et ondulé, les Dunlops D214 (à température de fonctionnement) ne pouvaient guère être déviés de leur trajectoire.Châssis : dans le mille Les éléments de suspension - à l'avant, une fourche télescopique conventionnelle de 41 mm non réglable, à l'arrière, un amortisseur réglable à la base avec système Link - sont réglés de manière étonnamment souple. Il est d'autant plus surprenant de voir à quel point les composants fonctionnent bien sur un sol marqué. Kawasaki a définitivement mis dans le mille avec ce réglage. Il en va de même pour l'équilibre. La Ninja 650, qui pèse 193 kilos prête à rouler et qui est plus légère de 18 kilos par rapport à l'ER-6f, se révèle être un compagnon extrêmement léger, mais néanmoins fidèle et confortable. Les 50 derniers kilomètres de notre itinéraire de 240 km, nous voulons en avoir le cœur net et poussons la Ninja 650 à ses limites à partir d'Alhama de Almería, à environ 30 kilomètres au nord-ouest de la ville aux serres maritimes. Nous sommes alors très surpris : même sur un asphalte érodé par le temps et les intempéries, cette Kawa tire un trait sacrément rapide. À tel point que l'on peut même ressentir du flow. La maniabilité légère, l'équilibre sophistiqué et la stabilité riche, combinés à une ergonomie active mais non fatigante ainsi qu'au twin au couple élevé et au comportement linéaire sans mauvaises surprises ..., ce mélange est garant d'un plaisir de conduite authentique. Qui a dit qu'il n'y en avait pas pour à peine 8500 francs ?
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Kawasaki Ninja 650Prix : dès 8400 francsCylindrée : 649 ccmPuissance : 68 ch à 8000/minCouple : 65,7 Nm à 6500/minPoids : 193 kg prêt à roulerHauteur de selle : 790 mmCapacité du réservoir : 15 lImport & info : www.kawasaki.chMoteur:Bicylindre en ligne à 4 temps refroidi par liquide, embrayage à bain d'huile (anti-hopping), 6 vitesses, chaîne à joints toriques.Châssis:Cadre en acier tubulaire, fourche télescopique de 41 mm (non réglable), bras oscillant en aluminium à deux bras avec amortisseur central commandé par lien (base réglable), double disque avant (300 mm) avec étriers flottants à double piston, simple disque arrière (220 mm) avec étrier flottant à simple piston. Pneus 120/70-17 et 160/60-17.+ Excellent équilibre, moteur puissant+ Très bon rapport qualité/prix+ Ergonomie active mais confortable+ Ensemble harmonieux et gouleyant- Vibration à partir de 7000/min- Le contraste du compteur de vitesse pourrait être plus marqué |
ConclusionLa nouvelle Ninja 650 est essentiellement une moto de sport de classe moyenne de conception classique. Un très bon choix pour les débutants qui ont un penchant pour le sport. A plus forte raison dans la livrée du Kawasaki Racing Team présentée ici. La nouvelle Ninja 650 surpasse l'ER-6f à tous points de vue. Et avec 8400 francs (peinture KRT 200 francs de plus), le prix est également dans la norme. |