Aprilia Tuono V4 1100 Factory

Selon le dictionnaire, une chose est déraisonnable lorsqu'elle ne peut pas être expliquée rationnellement et qu'elle pourrait avoir des conséquences négatives. Et oui, la Tuono pourrait bien correspondre à cette définition. Mais qu'est-ce qui, dans la fascination pour la moto, peut être expliqué de manière rationnelle ?
Une Power-Naked-Bike de 175 ch, des tas de fonctions électroniques, y compris un quickshifter bidirectionnel qui, même en dessous de la norme Euro 4, fait jaillir du pot d'échappement une forte détonation suivie d'un profond grondement lors d'un changement de vitesse engagé ? Mais non, ce n'est pas raisonnable. Et que dire de la puissance du moteur qui fait facilement grimper la roue avant, même en troisième vitesse, lorsque le contrôle de la traction et du wheelie est activé ? C'est déraisonnable ! D'accord, mais il n'y a rien à redire à un châssis qui, même à plus de 100 km/h, absorbe chaque irrégularité comme si elle n'existait pas, n'est-ce pas ? Plus de 100 km/h ? C'est déraisonnable, je veux bien ! Crie le petit diable sur mon épaule - et non, étonnamment, le petit ange ne se lance pas dans une leçon de morale, mais fixe d'un air absent l'excellent système de freinage Brembo de la Tuono. Les deux disques de 330, combinés aux monoblocs à quatre pistons M.50 montés radialement et au cylindre de frein désormais également radial - c'était l'un des rares points critiques de la précédente moto - semblent avoir tellement distrait le petit compagnon soucieux de sécurité qu'il en oublie tout le reste. Les ingénieurs d'Aprilia ont donc mis un peu de bon sens dans leur nouvelle création.Faisons-le !Eh bien, si même le petit ange gardien est d'accord ou plutôt tranquillisé, essayons la nouvelle Aprilia Tuono V4 1100 Factory (Fr. 19 190.-). Le mode Race, qui est d'ailleurs le réglage moyen d'Aprilia, le Sport le plus serré et le Track le plus agressif, en dit déjà long sur cette moto et son caractère. Le contrôle de traction est zappé au niveau cinq sur huit, car il est encore relativement tôt le matin et la température de l'asphalte n'est donc pas encore idéale. Le contrôle du wheelie est réglé sur deux sur trois, tout comme l'ABS qui, à l'exception du mode un - pour le circuit -, fonctionne également dans les virages. Depuis notre hôtel à Trente, qui se trouve dans une vallée et offre donc des deux côtés des parcours intéressants pour les motos, nous montons à la rencontre du tourbillon de virages. Dès la première rotation de la poignée des gaz, deux choses positives sautent aux yeux. Premièrement, malgré l'Euro 4, la Tuono n'a rien perdu de son caractère brachial ; elle veut toujours montrer à quel point elle est capable de faire le beau. Deuxièmement, le son est certes un peu plus faible qu'auparavant, mais il fait toujours tourner les têtes des autochtones et donne un grand sourire au pilote. Cela est dû au système de clapets installé par Aprilia dans le pot d'échappement, assez grand il est vrai, qui lit les paramètres les plus divers et laisse les gaz d'échappement s'échapper par d'autres canaux selon les circonstances. Pour simplifier, cela signifie que le bruit est faible lorsque l'on roule lentement et que l'on n'accélère pas, et qu'il est fort lorsque l'on accélère et que l'on ouvre les gaz. Le pot d'échappement, avec son apparence imposante, ne convaincra certainement pas tout le monde, mais il remplit sa fonction sans aucun reproche.Brusque et pourtant si obéissantPlus nous avançons dans l'arrière-pays sinueux, plus nous apprenons à connaître la Tuono. Comme sur la version précédente, le V4 de 1100 cm3 est une véritable bombe. Déjà à bas régime, il se met en marche de manière bestiale, pour ensuite continuer à allumer le moteur avec une véhémence qui nous fait perdre la vue et l'ouïe jusqu'au limiteur à environ 12 000 tr/min. Mais malgré cette puissance incroyable, la Tuono n'est jamais effrayante, jamais trop exigeante. Cela est dû à trois composants : L'électronique, le châssis et les freins. Si les systèmes d'assistance sont correctement réglés, même un débutant peut l'utiliser, car les entrées d'accélération brutales sont habilement compensées par le contrôle de la traction et du wheelie. Le châssis confère à la Tuono une stabilité qui, associée à la manière magistrale dont cette machine se laisse tourner, est presque insolente. Et les freins fonctionnent eux aussi à merveille. Sans sourciller, ils ralentissent la bête de 205 kilos. Le point de pression est clairement défini et la force manuelle nécessaire est minime. Même avec deux doigts, nous faisons fonctionner l'ABS sans problème.Conclusion :La dernière génération de Tuono Factory était déjà une excellente moto, et la nouvelle fait encore mieux. Le moteur est et reste une merveille, le châssis avec la nouvelle fourche Öhlins est encore plus précis et le nouveau système de freinage Brembo est une référence dans la catégorie.